Paris le 4 novembre 2024 - A l’occasion de l’édition 2024 de l’APG World Connect et de l’annonce de l’ouverture d’une nouvelle ligne vers Montréal, Gate7 a fait un tour d’horizon de l’actualité de French bee avec Christine Ourmières-Widener aux commandes du Pôle aérien du Groupe Dubreuil.
French Bee vient d’annoncer le lancement de vols entre Paris-Orly et Montréal. C’est l’occasion de faire un point sur la compagnie, comment se porte French Bee ?
French bee a maintenant plus de 7 ans. C’est une compagnie long courrier à la carte qui n’a que des avions de nouvelle génération, A350-900 et A350-1000. Montréal notre nouvelle destination va être lancée le 30 avril 2025. Nous avons annoncé des tarifs très intéressants pour permettre à nos clients de la découvrir.
French bee va bien, c’est une compagnie qui, comme toutes les compagnies aériennes a vécu des moments difficiles pendant le COVID, mais qui retrouve aujourd’hui une situation économique positive. French bee c’est une vingtaine de nationalités dont la langue de travail en vol est l’anglais. Nous sommes toujours en croissance, et nous recrutons et formons des pilotes. French bee est jeune, moderne, et leur permet de pouvoir voler sur les appareils les plus récents et performants. Evidemment nous devons faire face à des départs mais nous sommes très fiers d’être une école de formation du long courrier.
Nous avons su trouver nos marques sur plusieurs marchés. A La Réunion, où nous avons positionné nos Airbus A350-1000, French bee a maintenant plus de 25 % de parts de marché. Pour mémoire personne ne croyait à ce modèle ‘sans classe avant' avec 480 places en Premium et Economy. Nous sommes la compagnie française la plus verte car non seulement nous avons les appareils les plus récents mais également la plus forte densité et une consommation à moins de 2 litres par passager pour 100 kilomètres. Nos clients apprécient notre produit, notamment la Premium où nos navigants apportent à nos passagers une attention toute particulière, comme s’ils étaient en Business Class.
Sur le reste du réseau, Tahiti, via San Francisco est une ligne sur laquelle nous sommes depuis plus de 5 ans. Nous avons réussi, comme sur La Réunion à démocratiser le voyage et permettre notamment à des ultra marins de pouvoir bénéficier de prix abordables pour rejoindre leur famille ou aller en hexagone pour des raisons de santé.
Sur les Etats Unis, nous sommes en concurrence avec Norse Atlantic en particulier, dont on peut se demander combien de temps elle pourra continuer avec une telle agressivité tarifaire. En Amérique du Nord, nous nous adressons à différents profils de clients. C’est la raison pour laquelle nous investissons particulièrement dans le développement de notre site web et le lancement d’une application mobile l’année prochaine. Nous allons y accroître notre offre de recettes annexes avec le lancement de location de véhicules dès le mois de novembre. Nous y proposons une offre à la carte avec vol sec, avec ou sans bagage, et la possibilité d’acheter des produits complémentaires. C’est cette liberté de structure de produit qui plaît beaucoup à nos clients.
Les compagnies qui réussissent sur le low-cost long courrier sont rares, quel est le secret de French Bee ?
C’est la maitrise des coûts. Il s’agit d’être vraiment low ‘cost' et pas seulement low ‘fare’. Les marges dans le secteur aérien sont très faibles et tout écart de structure de coût est très dangereux. French bee et Air Caraïbes font partie d’un groupe familial et privé et la famille Dubreuil connaît bien l’économie de toutes les industries du groupe. Le secret est donc une gestion très rigoureuse.
Quels sont les challenges d’une ouverture de ligne ?
Ils sont nombreux surtout pour une compagnie de taille moyenne. C’est d’abord la complexité d’un nouveau marché, d’une nouvelle monnaie, et d’un nouvel environnement réglementaire.
Cela représente beaucoup de travail supplémentaire pour nos équipes qui sont déjà bien occupées. C’est un projet qui implique toutes les dimensions de l’entreprise, du programme au pricing en passant par le marketing. Nous devons nous faire connaître au Canada et cela passera notamment par des campagnes de promotion et des visites sur place.
C’est un challenge excitant et toutes les équipes y compris nos navigants sont ravis de ce lancement. C’est également un risque financier avec des investissements importants. Que ce soit chez French bee ou Air Caraïbes, nous sommes à la recherche d’une croissance rentable, qui est l’ADN de notre maison.
Quel est le profil des clients de French Bee ?
Il est très varié avec comme point commun d’être attentifs à leur budget. Ils ne sont pas sensibles au statut et ont d’autres priorité que de voyager en business class. Ils voyagent seuls, en couple ou accompagnés d’une famille. Nous avons des profils d’aventuriers, une clientèle jeune, mais aussi des profils d’entrepreneurs dont les budgets sont limités. Certains préfèrent privilégier un meilleur hôtel ou plus d’activités sur place. Nous avons vu se diversifier les profils de nos clients à travers nos canaux de distribution que ce soit en ligne ou via les agences de voyage.
Air Caraïbes et French Bee partent de l’aéroport d’Orly, cela est-il un avantage concurrentiel ?
Bien sur ! C’est l’aéroport le plus proche de Paris et il est désormais relié avec la ligne 14 du métro qui est rapide, confortable et dessert les gares de Lyon et de Saint Lazare. Nous sommes ravis de cette nouveauté qui de plus est très abordable et moins cher qu’un taxi tout en étant souvent plus rapide.
La taxation sur le secteur aérien a fait brutalement son entrée dans le débat public, quel impact pourrait-elle avoir sur French Bee et Air Caraïbes ?
Nous ne connaissons à ce jour toujours pas les modalités d’application, sauf que la nouvelle taxation devrait s’appliquer dès le 1er janvier 2025, alors même que nous avons déjà des réservations au-delà de cette date. Dans l’inconscient collectif l’avion est toujours perçu comme un mode de transport réservé aux classes aisées alors même que des études ont prouvé que le profil moyen des clients de l’avion était identique à celui des clients de la SNCF. La contribution de l’aérien sur l’emploi et l’économie est sous-estimée et je vois une contradiction entre les dépenses engagées pour promouvoir la destination France et cette volonté de taxer encore plus l’aviation. Alors même que d’un côté l’Etat dépense de l’argent pour aider certaines compagnies, j’avoue être perplexe sur la cohérence de son action dans le secteur aérien.
Justement quel est le rôle de l’Etat vis à vis du transport aérien ?
Il est aujourd’hui difficile à comprendre. L’industrie aéronautique est l’un des plus beaux
fleurons français, mais parallèlement le pavillon français perd des part de marché chaque année. C’est un enjeu stratégique pour la France mais qui ne semble pas être une priorité au plus haut niveau.
Air Caraïbes emploie plus de 700 personnes en Outre-Mer tout en contribuant à l’économie locale, de même pour French bee à La Réunion. A un moment où l’on parle de l’importance des connexions entre les territoires, il est étonnant de voir les taxes augmenter. Sur nos vols régionaux dans les Antilles, il y a plus de 80 euros de taxes sur un billet entre Fort de France et Saint Martin.
Les compagnies aériennes, qui arrivent en bout de chaine et ne construisent ni avions, ni moteurs, ni ne produisent de SAF sont victimes de cette volonté d’être le pays champion de la décarbonation. Alors qu’il faudrait encourager, y compris financièrement, les compagnies à investir dans des flottes récentes et plus propres l’Etat choisit de les taxer. Une fois de plus cela relève d’un manque de cohérence.
interview réalisée par Christophe Chouleur pour Gate7
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