Paris le 10 janvier 2022 - Le secteur de l’aérien est en pleine reprise et fait face au défi de recruter des personnels qualifiés. Gate 7 a rencontré Magali Jobert, Déléguée Générale de l’AFMAÉ un centre de formation qui prépare à de nombreux métiers aujourd’hui très recherchés.
Qu’est-ce que l’ AFMAÉ ?
C’est un centre de formation des métiers de l’aérien tourné vers l’excellence et vers les métiers de demain. L’aérien est en effet un secteur en pleine transformation et les méthodes, les outils mais aussi les individus évoluent et l’AFMAÉ s’adapte à ces changements et au marché pour toujours fournir une transmission de connaissances utiles aux apprenants et aux entreprises.
A quels métiers prépare l’AFMAÉ ? Nous préparons à des métiers qui se répartissent en deux grandes filières, la filière technique et la filière relation client.
Dans la filière technique, l’AFMAÉ prépare aux métiers de mécanicien et technicien avion avec un niveau Bac Pro aéronautique suivi d’une mention complémentaire de professionnalisation.
La filière technique prépare également aux métiers de support technique tels que de bureau d’études, bureau technique et conception pour lesquels nous préparons au BTS Aéronautique en apprentissage.
La filière de la Relation Client forme en apprentissage au métier d’agent d’escale pour l’aérien, mais aussi pour le ferroviaire, ainsi qu’au métier de Personnel Navigant Commercial, hôtesse et steward, en formation continue avec la délivrance de la Certification de Qualification Professionnelle.
En formation continue, nous proposons toute une palette de formations qui permettent notamment à des personnes éloignées de l’emploi de revenir dans le circuit de la formation et de l’emploi, mais également des circuits de professionnalisation, de reconversion professionnelle ainsi que les parcours obligatoires et règlementaires.
Quels liens entretient l’AFMAÉ avec les entreprises du secteur de l’aérien ?
Il faut rappeler que l’AFMAÉ a été fondée par quatre membres importants du secteur de l’aérien en France, Air France, la FNAM, le GIFAS et le groupe ADP. Nous faisons donc parti d’un écosystème riche et varié grâce à nos partenaires et les entreprises clientes.
Cette proximité nous permet d’afficher un taux d’embauche de 97% à l’issue de nos formations, les 3 % restant décidant de poursuivre leurs études. A noter que l’AFMAÉenregistre très peu de ruptures en cours de cursus.
Outre les métiers de PNC, les métiers d’agent d’escale et les métiers techniques sont des métiers actuellement en tension et de très nombreuses sociétés s’adressent à nous pour former des futurs collaborateurs.
Trouvez-vous facilement les candidats ?
Les candidatures sont plus difficiles à sourcer qu’avant le COVID. A titre d’exemple pour la filière mécanicien avion, nous avions avant COVID 1900 candidats pour entre 300 et 400 places, aujourd’hui nous avons 880 candidats pour un peu moins de places. Il y plusieurs explications à cela. Tout d’abord certains parents sont inquiets en raison du bashing anti aviation et se disent, à tort, que l’aérien n’est pas un secteur d’avenir. La désirabilité des métiers proposés est moins forte car les critères de choix des candidats ont énormément évolué en peu d’années. Le CDI qui autrefois comptait énormément ne fait plus rêver aujourd’hui. L’équilibre vie personnelle vie privée a pris aujourd’hui le dessus même avant le salaire. Les candidats souhaitent pourvoir évoluer en changeant d’entreprise plusieurs fois au cours de leur carrière. La pénurie de candidat crée une exigence plus forte de ceux qui sont intéressés. Enfin, l’absence de salon du Bourget, véhicule important de l’image du secteur, a fait du mal. Il nous faut donc communiquer de nouveau de manière importante au début du 1er trimestre 2023, car c’est le moment où se fait le recrutement des candidats. L’AFMAÉ a également revu son image avec la création d’un blason bleu blanc rouge qui porte nos valeurs d’excellence et de rigueur et qui nous identifie bien comme un centre de formation.
Nous affichons maintenant sous notre nom notre baseline « former pour l’aérien de demain » qui affirme notre savoir-faire et notre cœur de métier.
Le secteur est en pleine transition écologique, comment l’AFMAÉ arrive-t-elle à rester à jour par rapport aux évolutions rapides du secteur aérien ?
C’est en effet un enjeu important. Nous travaillons autour de deux axes. Nous hébergeons sur notre site de Toussus-le-Noble un Vélis Pipistrel, avion électrique depuis un an. Nous réalisons des actions de maintenance et faisons passer des brevets de pilote sur cet avion. Nous souhaitons aller plus loin et faire que l’AFMAÉ développe la qualification type sur cet avion en Ile-de-France.
L’AFMAÉ fait également partie de cercles de travail sur le VTOL ou nous sommes consultés en tant qu’expert métier puisque les définitions du profil du mécanicien de demain ne sont pas encore fixées par l’avion civile. Etre mécanicien sur le VTOL sera très différent du métier actuel notamment car sa compétence concernera également les balises et plus seulement la machine. Dès que la définition de la licence de mécanicien sera connue, l’AFMAÉ pourra alors créer le module correspondant et dispenser la formation ad hoc.
D’où sont issus les formateurs ?
Ils ont rares et difficiles à trouver ! Coté mécaniciens, il y a trois domaines bien différents avec l’avionique, la structure et les systèmes. La majorité viennent de l’industrie civile et militaire, avec un profil mécanicien spécialisé et des expériences au sein d’un MRO avant de nous rejoindre. Pour les formations de la relation nous avons des anciens agents d’escale, stewards et hôtesses. La force de l’AFMAÉ est que les formations sont dispensées par des professionnels du secteur.
Ces différents métiers sont-ils bien rémunérés ?
Ce sont des métiers avec des compétences recherchées et très pointues. Un mécanicien avion touche un salaire largement supérieur à celui d’un mécanicien automobile. Les entreprises investissent sur ces profils et rémunèrent pour les conserver. Bien entendu, il y a des différences en fonction du poste occupé. La rémunération tient également compte des contraintes du travail en décalé.
Où rencontrer l’AFMAÉ pour mieux connaître les cursus proposés ?
L’AFMAÉ va être présente sur de nombreux salons en Ile-de-France mais également localement à l’occasion de rencontres organisées par les Missions Locales et des associations qui travaillent sur la diversité. Nous travaillons également avec Pôle Emploi pour toutes les personnes en reconversion. Par exemple un pâtissier est devenu drapeur et aujourd’hui fabrique des pales chez Airbus Hélicoptère. Les qualités de rigueur et de savoir-faire manuel nécessaires au métier de pâtissier se retrouvent en effet dans les compétences requises pour le métier de drapeur.
La féminisation des métiers de l’aérien est-elle en marche ?
Cela va tout doucement et aujourd’hui nous sommes à 6% d’intégration de femmes dans les filières techniques et à l’équilibre dans la filière relation clients. Nous avons encore du mal à faire découvrir techniques aux femmes. L’AFMAÉ est partenaire de « Féminisons les métiers de l’aéronautique et du spatial », label d’Airemploi. Nous allons visiter des lycées et collèges et choisissons des visuels qui représentent aussi bien les femmes que les hommes. Je me sers également de mon parcours industriel personnel pour montrer que ces métiers sont ouverts à tous. Il y a encore une méconnaissance de ces métiers chez les jeunes femmes et par conséquence une absence de désirabilité et de projection.
Combien d’élèves sur les deux sites de l’AFMAÉ ?
A la rentrée de septembre nous accueillions 420 élèves et nous avons une projection à 600 apprentis à la rentrée 2023 pour être en phase avec les attentes des entreprises. Le challenge va être de trouver les candidats.
Un message pour celles et ceux qui sont intéressés ?
L’aérien est un monde d’opportunités et quelle que soit la porte par laquelle vous rentrerez vous trouverez des passerelles et évoluerez vers d’autres métiers au sein de l’écosystème et des nombreux métiers passionnants qu’il propose
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